Cet AVC qui a changé ma vie
Samedi 12/12/15, après avoir joué 2h au foot en salle, nous avons été déjeuner chez des amis. Durant ce repas, alors que je donnais le biberon à ma fille de 5 mois, j'ai eu une brève absence de 3-4 secondes (relatée par les personnes présentes), associée à une paresthésie côté gauche que j'estime à 10-15 secondes.
J'ai d'abord pensé que mon hôte tentait de m'empoisonner avec son Sar savamment cuisiné, puis non, je suis revenu à la raison et je remercie sincèrement Jean-Philippe PÉROU pour les cours de sécurité sauvetage qu’il nous prodigue chaque année dans le cadre de notre profession à l'ISFA ; car j'ai rapidement pris conscience qu'un "truc" clochait ! Lorsque je suis revenu à moi, j’ai appelé le 15 pour avoir un avis médical.
Admis sous leurs conseils aux urgences de la clinique Mermoz, j'ai été ausculté pendant un certain temps à la suite de quoi ils voulaient me libérer ; je n'avais aucune séquelle ni symptôme, puis...
- " Monsieur BELEN, compte tenu de la profession que vous exercez, nous allons vous faire passer un scanner".
Celui-ci n'a rien révélé.
- " Par sécurité et nous dégager de toute responsabilité, nous allons vous transférer à l'hôpital Neurologique cela nous permettra d'avoir un autre avis".
Transféré le samedi soir aux soins intensifs et réanimation de l'hôpital Neurologique de Lyon, j'ai été placé en surveillance H24 pour palier à une éventuelle dégradation ou récidive. Lundi matin a débuté une batterie de tests, prélèvements sanguins, IRM l'après-midi.
Le couperet est tombé lundi soir, l’interne m'a annoncé que
j'avais bien subi un AVC et qu'une ischémie cérébrale était présente.
D'abord dévasté par cette annonce, je suis revenu à l'essentiel mardi matin ; me remettre en forme et retrouver ma famille au plus vite ! J’avais bien conscience que me remettre aux commandes d’un avion serait peu probable mais j’estimais néanmoins ma chance d’être là et sans séquelle…
Ils ont multiplié les examens pour déterminer l’origine de ce caillot étant donné que je ne suis pas facteur à risque. Bonne hygiène de vie, non fumeur, un minimum de 4h de sport par semaine, néanmoins cette « saloperie » frappe n’importe qui et à tout âge ! Après l’ETO (échographie transoesophagienne), ils ont déterminé que j’avais un FOP (Foramen Ovéale Perméable) qui était donc à l’origine de cet AVC. Opération mi-février pour sa fermeture qui s’est bien passée.
Après un suivi de 9 mois, IRM, Echo, ETO, Neuropsy, Neuro, Cardio, le pôle médical du personnel navigant m’a donné le feu vert pour mon aptitude médicale le 24/08/16 !
J’ai repris les vols début octobre après un réentrainement intensif (cours au sol, simulateurs), je suis toujours en « surveillance » par le centre d’Expertise Médical du Personnel Navigant jusqu’en août 2017.
Une leçon de vie supplémentaire certes mais c’est également une expérience douloureuse qui a été très dure à vivre pendant ces 9 mois d’incertitudes. Ma vie, ma façon de voir les choses ont changé. J’ai été volontaire pour un suivi post AVC et aider financièrement la recherche à travers des associations.
Je remercie avant tout ma compagne, Vanessa, mes filles, ma famille de m’avoir accompagné mais aussi Docteur ROSSI (cardiologue), Docteur BROCQ (Médecin chef du CEMPN de Toulon), Docteur ONG (Neurologue) qui m’ont permis de revoir le soleil tous les jours...
La vie ne tient qu’à un fil, profitons de chaque moment.
« La vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie »,
André Malraux.