Quelles sont les séquelles possibles après un AVC ?
1. Les séquelles visibles
Après un accident vasculaire cérébral (AVC), la séquelle la plus connue est l’hémiplégie (paralysie de la moitié du corps), mais il en existe d’autres : troubles de la parole, troubles sensitifs, négligence d’un côté de l’espace environnant…
L’hémiplégie, séquelle motrice
Toutes les fibres nerveuses nées dans les hémisphères cérébraux s’entrecroisent au moment de passer dans la moelle épinière à destination des membres : ainsi la partie droite du corps est commandée par la partie gauche du cerveau (hémisphère gauche) et la partie gauche du corps est commandée par la partie droite du cerveau.
Lorsqu’un AVC touche la zone motrice d’un hémisphère cérébral, la partie opposée du corps pourra être paralysée. La paralysie de la moitié droite ou gauche du corps s’appelle hémiplégie.
Par exemple, un AVC de la partie gauche du cerveau peut provoquer une hémiplégie droite (paralysie du membre supérieur droit et du membre inférieur droit).
Au tout début de l’AVC, la paralysie est « flasque », c’est-à-dire que les muscles (non commandés par le cerveau) sont mous et le membre « ballotte ».
Dans la phase suivante, l’hémiplégie peut devenir spastique : les muscles sont contractés, crispés et les membres sont raides.
L’aphasie
Souvent, lors d’un AVC, la zone de commande du langage est également touchée. Cela provoque des troubles du langage que l’on appelle « aphasie ».Cela correspond à la perte totale ou partielle de la capacité de communiquer par le langage. L'aphasie peut survenir si l'hémisphère gauche du cerveau a été endommagé. Une « aphasie par lésion droite » est plus rare, mais possible. Il y a plusieurs degrés dans l'aphasie : la personne peut « bloquer » sur un mot de temps en temps, avoir du mal à comprendre le langage parlé, à articuler des sons, à lire, à écrire, inventer des mots, s'exprimer dans un jargon incompréhensible... Tout dépend de la gravité de la lésion. Bien sûr, grâce à une stimulation adaptée, des améliorations sont possibles, généralement au bout de quelques mois : une rééducation orthophonique est d'ailleurs vivement conseillée.
Les troubles de la sensibilité
La zone cérébrale qui gouverne la sensibilité peut aussi être touchée dans un AVC. Ce qui peut provoquer divers troubles :
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manifestations anormales : fourmillements, picotements, brûlures dans les membres paralysés ; ces phénomènes peuvent être difficiles à supporter ;
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insensibilité au toucher, à la piqûre, à la température des objets (chaud, froid) ;
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difficultés à reconnaître des objets placés dans la main (par exemple, on ne saura dire ce que l’on a dans sa poche, par exemple, une pièce, une clé…).
L’héminégligence de l’espace environnant
Les patients peuvent faire abstraction d’un côté (droit ou gauche selon le côté atteint) de l’espace qui les entoure. S’ils traversent une rue, ils risquent par exemple d’ignorer ce qui vient de la gauche alors qu’ils enregistrent parfaitement ce qui vient de la droite.
2. Les séquelles invisibles
La fatigue
Fatigue après un AVC : La fatigue après un AVC est une expérience émotionnelle, cognitive, motrice, perceptuelle et multidimensionnelle consistant à ressentir rapidement de la fatigue, de la lassitude, une absence d’énergie et une aversion à l’effort qui se développent durant une activité physique ou mentale et qui ne disparaissent pas après une période de repos.
Les caractéristiques de la fatigue après un AVC comprennent notamment une fatigue et une absence d’énergie disproportionnées pour exécuter les tâches de la vie quotidienne; un besoin anormal de siestes ou de périodes de repos, ou de sommeil prolongé; le fait d’être plus facilement fatigué par des activités qu’avant l’AVC; une fatigue non prévisible ressentie sans raison apparente.
La fatigabilité est la séquelle la plus constante des lésions cérébrales. Elle se manifeste par des difficultés de concentration, de l’énervement ou par des signes physiques comme des maux de tête.
Les fonctions de « pilote automatique » du cerveau sont endommagées. Le cerveau doit alors travailler différemment et se fatigue plus vite. Or la fatigue aggrave les autres difficultés ( impulsivité, attention, mémoire), engendre ou augmente une irritabilité et un ralentissement.
Des f acteurs peuvent aggraver la fatigue : la douleur, certains médicaments, l’alcool, la prise de drogue, les troubles du sommeil ainsi que la désadaptation à l’effort (lorsque l’on a perdu l’habitude de pratiquer un exercice physique)
La fatigue après un AVC est un problème courant qui peut survenir après un AVC à n’importe quel moment du processus de rétablissement. La fatigue après un AVC passe souvent inaperçue.
Remarque : La fatigue après un AVC ne semble pas corrélée avec la sévérité de l’AVC. Les personnes qui ont subi un AVC très mineur peuvent tout de même ressentir de la fatigue.
La dépression
Toutes les personnes qui ont subi un AVC doivent être considérées comme des personnes à risque de dépression après un AVC, laquelle peut survenir à n’importe quelle étape du rétablissement.
La tristesse, le découragement, le désespoir font généralement partie de la vie et les ressentir n’est pas forcément synonyme de dépression. Par contre, quand ces sentiments s’installent et durent, quand ils empêchent une personne de faire des choses (comme se lever le matin, s’occuper de ses enfants, etc.), et quand ils font souffrir en permanence, ils peuvent être des symptômes de la dépression. La dépression est fréquente après un AVC : presque la moitié des victimes connaît un épisode dépressif.
La dépression est une maladie et se soigne. Plus elle est prise en charge rapidement, plus courte sera la souffrance vécue et meilleures seront les chances d’obtenir de bons résultats et d’éviter qu’elle ne s’installe voire ne s’aggrave. Le médecin traitant ou le neurologue peuvent être consultés. Une prise en charge adaptée sera peut-être préconisée, et l’accompagnement par un psychologue ou un psychiatre pourra s’avérer nécessaire. Apathie et dépression sont différentes: certaines victimes d’AVC vont être apathiques c’est-à-dire qu’elles ne prennent plus d’initiative, paraissent lentes et peu réactives aux évènements. En les stimulant, elles passeront à l’action (ce qui n’est pas le cas dans la dépression). Ce type de symptôme peut être une conséquence de l’AVC ou annonciateur d’une dépression. Comme il peut être difficile de s’y retrouver entre ces différents sentiments, parlez-en à votre médecin pour faire le point .
Troubles de l’humeur
Après un AVC, on peut constater ce que l’on appelle une labilité émotionnelle : vos émotions peuvent être incontrôlables et même inappropriées.
Il n’est pas étonnant, après un AVC, d’être traversé par des émotions diverses et parfois contradictoires. La victime d’un AVC va devoir faire le deuil de sa santé passée et adapter sa vie à son nouvel état de santé. Comme pour le deuil, chaque personne va passer par différentes étapes accompagnées de diverses émotions. Chaque fois que vous devez rencontrer un professionnel de santé s’occupant de la prise en charge de votre AVC, posez-vous la question de votre ressenti et exprimez le lors de la consultation. Cette indication sera souvent une aide pour que les professionnels comprennent votre vécu.
L'apathie
Elle est habituellement définie comme un syndrome multidimensionnel de la diminution des comportements, des émotions et de la cognition.Les personnes atteintes manifestent une perte de motivation, d’inquiétude, d’intérêt et de réaction émotionnelle, entraînant une perte d’initiative, une interaction diminuée avec leur environnement et un intérêt réduit à l’égard de leur vie sociale. L’apathie peut nuire au rétablissement après un AVC. Elle peut survenir comme syndrome indépendant, mais elle peut aussi être un symptôme de la dépression ou de la démence. L’apathie survient chez 29 % à 40 % des personnes qui ont subi un AVC.
Anxiété
L’anxiété après un AVC est caractérisée par un sentiment de tension, une appréhension ou une inquiétude extrêmes, et des manifestations physiques comme une tension artérielle plus élevée. Les troubles anxieux se manifestent lorsque les symptômes deviennent excessifs ou chroniques.
Les douleurs
Des douleurs physiques du côté atteint peuvent se manifester après un AVC : il peut s’agir notamment de douleurs dues à la crispation permanente des muscles. Il existe aussi des douleurs de l’épaule liées à une séquelle appelée « algodystrophie ».
Comme nous l’avons vu plus haut, les patients peuvent aussi ressentir des brûlures.
Des douleurs morales : tristesse, désespoir, isolement, pensées suicidaires, manque d’appétit, troubles du sommeil. Ces troubles peuvent être le signe d’une dépression.
Ces handicaps par leur invisibilité ne sont pas bien reconnus par le monde extérieur mais ils n'en sont pas pour le moins handicapant qu'un handicap physique. Au contraire, ils sont donc plus incompris par l'entourage de la victime. Ils peuvent donc passer pour de la fainéantise ou de la simulation. Pourtant le handicap invisible est bien réel et peut réellement changer le quotidien d'une personne. L’accident vasculaire cérébral (AVC) est la première cause de handicap acquis de l’adulte.
3. Les autres séquelles d'un AVC ou AIT
Les patients ayant eu un AVC peuvent ressentir :
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Des troubles des sphincters : impossibilité d’uriner (rétention vésicale) ; besoins impérieux ;
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Des troubles sexuels : troubles de la libido (chez l’homme et la femme), troubles de l’érection et de l’éjaculation
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Des crises d’épilepsie
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Un état d’ébriété
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Une perte d’équilibre
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Des troubles du sommeil